Harassé par la journée et la partie de chasse, Erewen avait accueillit le retour au campement comme le meilleur événement de la journée. Tandis que le délicat fumet du repas à venir s'élevait dans les airs, il repensait aux achats qu'il avait effectué, notamment à la cotte de mailles qu'il avait préféré laisser dans son sac. Sage décision pensa-t-il, son poids aurait été un fardeau de plus durant cette journée. Il saisit son sac et attrapa le vêtement pour l'admirer. Mais au moment où il esquissait un sourire, satisfait de son acquisition et de ses merveilleux reflets à la lumière du feu, un bruit inquiétant se fit entendre. Et la cause de ce bruit fit rapidement, et sauvagement, son apparition. Une meute de Sthélénos attaquait le campement. Certains, perchés sur des sangliers, semblaient chargés de renverser et de saccager un maximum, tandis que d'autres chargeaient les compagnons, abasourdis. En une fraction de seconde, Erewen sentit sa cotte de mailles lui échapper des mains, volée par un nain qu'il n'avait pas vu venir. Erewen s'apprêta à s'élancer sur lui mais deux autres se jetèrent à son visage et le blessèrent légèrement de leurs couteaux mal aiguisés au visage. Erewen esquiva au mieux et saisit la dague qu'il avait à sa ceinture. C'était le moment d'essayer sa nouvelle dague magique. Un candidat le chargea, et fut stoppé net lorsque sa course rencontra le pouvoir paralysant de la dague.
-Parfait ! Celle-là tu l'a pas volé !
Erewen en profita pour achever la bête. Cela eut pour effet d'attiser la haine de certains sthélénos qui commencèrent à l'entourer. Voyant qu'il était trop faible pour les affronter, et constatant que certains de ses compagnons avaient déjà pris leurs jambes (ou leurs pattes) à leur cou, il les imita. Il attrapa son sac qui ne contenait plus que des provisions et détala à toute vitesse, en direction de la plaine que le campement surplombait.
Il couru une heure, plus peut-être, en dévalant la pente d'abord puis en traversant la vallée, avant d'atteindre le pieds de l'autre versant et de faire une halte. Il était sûr d'avoir échappé aux bestioles agressives qui l'avait allégé d'une cote de mailles qu'il venait d'acheter pour 180 pièces d'or, mais ce qui l'embêtait surtout, c'est qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient ses compagnons. Il regarda autour de lui, en reprenant son souffle, mais la nuit était tombée, et il avait peu de chance de les apercevoir. La meilleure chose à faire était de trouver un coin tranquille où passer la nuit, et de revenir au campement le lendemain.
Il dénicha un arbre dont les branches étaient assez larges et nombreuses pour qu'il puisse s'y blottir et commença son ascension. Commença seulement, car un détail lui revint en mémoire. S'ils avaient décidé d'emprunter le passage de Thernis, c'était pour gagner un temps ô combien précieux, et il était hors de question de le gaspiller. Il décida néanmoins de grimper à son arbre, de toute façon il était incapable de reprendre la route, mais le lendemain, il ne retournerait pas au campement. Il ne devait pas en rester grand chose d'ailleurs. Dès l'aube, il reprendrait la direction du passage de Thernis, souhaitant retrouver au plus vite ses compagnons.
-Avec un peu de chance, nous nous retrouverons tous à son entrée... soupira-t-il, avant de tomber de sommeil (mais pas de sa branche).