Arrivée en ville

Sahen avait quitté sa forêt natale depuis maintenant plusieurs journées. Elle avait parcouru des lieux et des lieux pour arriver dans cette ville connu de tous. en s'imaginant moult versions de la cité. Grande et scintillante, menaçante comme le cœur des hommes ou encore austère et riche. Sur les routes elle avait croisé bon nombre de marchands qui avait essayé de l'arnaquer, des paysans épuisés au travail et surtout des dizaines d'aventuriers fringants parti vers une destination inconnu d'eux-même pour la plupart. Sahen avait observé tout ce petit monde avec émerveillement, détaillant chaque badauds mais gardant une certaine réserve.
Ses nuits avaient étaient passées blotti contre son hongre à la belle étoile.
Arrivé en vue de la grande ville, son excitation fut à son comble, les routes accueillaient de plus en plus de monde et la qualité du sol était déplorable dut aux multiples charriots qui passaient par là.
Les remparts se dressèrent alors, majestueux de loin et pitoyables de près. A leurs pieds, des masses de mendiants étaient couchés, bourrés comme des barriques.
Sahen grimaça et passa les portes de la ville un peu déçue.
Un gamin courra à sa rencontre lui quémandant des piécettes. Apeurée à la vue du garçonnet courant vers ses jambes, Geld, la monture de Sahen se cabra en hennissant de peur, la foule accentuant surement son sentiment d'insécurité. Sahen le calma avec de douces paroles dans la langue qu'on lui avait apprise pour parler au animaux et en caressant son encolure.
Calmé, Geld reprit sa marche à travers la foule. Le garçon étant parti se réfugié, loin des sabots du cheval.
Sahen, encapuchonné dans une cape vert foncé regardait autour d'elle avait tristesse.
Les rues étaient bondées, sales et malodorantes. Rien de bien merveilleux.
Elle déboucha sur une place où s'étendaient des étalages de toutes sortes. Des odeurs de viandes et de poissons vinrent chatouillaient les narines de la demi-elfe. Le circulation à cheval devenant difficile, la jeune femme mis pied à terre et dirigea Geld par la bride.
Encore ignorante de la vie en ville et surtout de la fourberie des hommes elle ne réagit pas tout de suite lorsqu'un adolescent la bouscula et lui vola la petite bourse qu'elle gardait à son côté. Elle ne se rendit compte de son délestage que quelques minutes plus tard. Furieuse elle bondit sur le dos de son cheval et sorti une flèche de son carquois avant de se mettre en joue, cherchant du regard le fripon.
Une femme cria à côté d'elle et au loin, des gardes de la ville fendait la foule vers le jeune demi-elfe.

Erewen était venu se noyer dans la foule dense du centre ville afin de mieux s'y sentir seul. Là il pouvait se perdre dans ses pensées, et réfléchir à la situation actuelle. Bien que le marché s'était tenu la veille, de nombreux étalages étaient encore dressés. Bientôt, ce serait jour de marché tous les jours de la semaine... Sa petite taille ne gênait pas particulièrement Erewen, mais quand un jeune garçon le bouscula sans lui prêter attention, il regretta que ce dernier soit déjà aussi grand que lui malgré son plus jeune âge. Décidément, être grand restait un avantage certain pour se faire respecter.
Au moment où Erewen s'apprêta à se retourner pour sermonner cette jeunesse irrespectueuse, la foule s'agita étrangement. Face à lui, les gens s'écartèrent et Erewen aperçut au loin un cavalier vêtu d'une cape verte et prêt à décocher une flèche. L'ennui, c'est que cette flèche semblait regarder Erewen droit dans les yeux.
En un éclair, Erewen se détourna de la probable trajectoire de la flèche et se faufila à travers la foule. Sur sa droite, il aperçut des gardes qui se dirigeait vers le cavalier. Allant à contre-courant de la foule, Erewen tenta de s'en rapprocher, pousser par sa curiosité. Surtout, il avait peur que les gardes ne privilégient pas le dialogue. A quelques pas de la monture, Erewen leva les yeux et étouffa un hoquet de surprise. Le cavalier... était une femme !
Certes la violence n'était pas choses rare dans cette ville à l'apparence pourtant paisible, mais cette archère avait-elle perdu la tête? Oser brandir un arc au milieu de la foule... pure inconscience. Erewen devançait les gardes, qui avaient plus de mal que lui à se frayer un chemin à travers la foule apeurée. Finalement il arriva près de l'étrangère. Sa tête se trouvait à peu près au niveau du mollet de cette dernière. Agrippant sa cape pour attirer son attention et gêner son tir (étrange, elle n'avait toujours pas décocher sa flèche), Erewen lui lança :

-Baisser cet arc immédiatement, quels que soient vos talents d'archer, vous n'avez aucune chance d'atteindre votre cible.

Erewen se demanda à cet instant si elle avait effectivement une cible précise en tête, ou bien si elle se fichait bien de celui qu'elle abattrait. Erewen craignit un instant pour sa vie.

-Descendez de votre monture s'il-vous-plaît, avant que les gardes ne s'en chargent.

Erewen supplia l'étrangère du regard. A cet instant, il n'avait aucune idée de ce qu'elle allait faire, ni même de ce que lui faisait.

La foule fut agité d'un mouvement de désordre et Sahen eu de plus en plus de mal a discerner sa cible, n'ayant pas aperçu les gardes qui arrivait elle avait garder son arc bander, prêt à tirer. Sous ses jambes Geld commençait à piaffer d'impatience.
Quelque chose tira sur le rebord de sa cape au niveau de sa jambe. Agacée, Sahen baisa la tête et découvrit un petit homme, pas plus grand que son voleur, qui semblait lui parler. Elle tourna son arc vers lui et quelques instants après relâcha son bras et se pencha pour écouter le nouveaux venu.

- Baisser cet arc immédiatement, quels que soient vos talents d'archer, vous n'avez aucune chance d'atteindre votre cible.

Puis il reprit :

-Descendez de votre monture s'il-vous-plaît, avant que les gardes ne s'en chargent.

Sahen haussa les sourcils, elle avait appris le language des hommes au fur et à mesure de son voyage mais ne le maitriser par encore avec une grande faicilité. Elle comprit vaguement les phrases du petit homme.
Descendre de Geld et baisser son arc.
D'un geste rapide et précis par l'habitude elle rangea son arc et descendit de cheval afin de mieux parler avec l'étrange personnage. Il ne lui arrivait qu'à la poitrine.

- Pardon, mais ça garçon a volé ma argent !

Elle n'avait pas encore asimilé la notion de feminin et masculin et en disant cela elle désigna du doigt un point vague dans la foule, les sourcils froncés.
La jeune elfe détailla un peu plus son interlocuteur. A part sa petite taille il n'était pas franchement séduisant. Ses cheveux blonds étaient peut-être la seule beauté en lui. Sahen baissa son bras et pris une grande inspiration pour se calmer. Elle répéta en cherchant ses mots :

- Pardonnez-moi.

La foule alentour s'éait un peu calmé mais les gardes continuait leurs périlleuse ascension vers l'archer fou en essayant tant bien que mal de fendre la foule à grand cri.

Lorsque l'étrangère porta son attention à Erewen, elle pointa également son arc dans sa direction. Malgré son agilité, il lui serait bien difficile d'éviter une flèche à bout portant. Finalement la jeune femme descendit de sa monture et expliqua maladroitement la raison de sa colère. Elle exprima aussitôt des regrets et Erewen ne put que compatir. Ce n'était pas la première fois de la journée qu'il était confronté à un vol. Après tout, n'avait-il pas lui-même volé le bouclier à un géant de Hautbois la veille? A méditer...
Erewen jeta un coup d'œil derrière lui et vit que les gardes n'avançaient quasiment plus, bloqués par la foule qui s'était quelque peu apaisée depuis que la demie-elfe ne brandissait plus son arc.

*Un pèlerin se doit d'aider son prochain...*

Erewen adressa à la jeune femme un regard un peu peiné.

-Attendez ici, je vais parler à ces gardes.

Rapidement, Erewen se dirigea vers ces derniers. Il leur expliqua en quelques mots ce que lui-même avait compris de la situation, pointa son doigt dans la direction, ou à peu près, qu'avait désigné l'étrangère devant lui, et cela sembla suffire à stopper les gardes dans leur progression. Ils étaient sûrement déçus d'avoir suer inutilement pour se frayer un chemin, mais soulagés aussi de ne pas avoir à continuer.
Erewen revint calmement vers la jeune demie-elfe et lui annonça d'une voix presque monocorde :

-Voilà, c'est arrangé. Vous devriez pouvoir continuer votre route.

Sahen vit le petit homme se faufilé dans la foule et allé parler aux gardes. Elle attendit patiemment que celui-ci revienne, caressant sa monture afin de la calmer.
Les passants continuaient de la regarder bizaremment, comme ci il n'avait vu une demoiselle porter un arc. C'était peut-être le cas finalement ...
Les moeurs était tellement différentes ici ...
L'homme revint et lui indiqua qu'elle n'avait plus rien à craindre. Sahen fut surprise de voir que quelqu'un pouvait faire preuve de gentillesse. On lui avait pourtant dit que les autres peuples étaient des malhonnêtes et ne cherchait que le mal. Ne sachant que faire et se dandinant d'un pied sur l'autre, la demoiselle regarda d'un air couroucé son sauveur.
Tout d'abord elle ne savait où allé, ne connaissait personne et ne savait pas non plus où loger. Et deuxièment son code d'honneur des elfes, voualit que lorsqu'une personne aidé une autre, celle ci devait lui petre redevable. Une dette en quelques sortes. Mais elle décida que cette partie là sera traiter plus tard.
Sahen grimaça et finalement se décida. Elle ne souhaité pas importuné d'avantage son sauveur.

- Merci beaucoup mais pouvez-vous m'indiqué une endroit où dormir ? Peut-être pourrais-je allé dormir dans l'auberge ou vous dormez ?

Ne souhaitant pas quitter son compagnon qui pourrait lui être utile dans cette ville de sauvage, elle lui adressa un regard plein de supplication.

*J'éspère que cet homme voudra bien de moi*

La demi-elfe considéra rapidement la foule du regard et jugea qu'il était préférable de s'en remettre aux mains de ce petit homme, même si il était singulier.

Erewen, certes satisfait d'avoir accompli une bonne action, se trouva assez embarrassé lorsque l'étrangère lui demanda ce qui n'était qu'un simple renseignement qu'en apparence. Derrière ses propos et son regard à faire fondre la roche se devinait le besoin d'un guide. Malheureusement, cela ne collait absolument pas aux projets du Faery qui souhaitait se retrouver seul, se perdre dans la foule, réfléchir. Au lieu de ça, il s'était démarqué de tous ces gens, se retrouvant en compagnie d'une étrangère, charmante certes, mais qui le détournait de son objectif. Contrarié, Erewen regarda autour de lui furtivement, comme s'il cherchait au loin une porte de sortie. Il n'en trouva pas.
Levant la tête vers son interlocutrice, il sourit du mieux qu'il pu et dit :

- Il y a d'excellentes auberges à Irmount, il y en a vraiment pour tous les goûts...

Erewen songea à la réunion du soir prévue avec ses "collègues". Peut-être valait-il mieux ne pas mêler la demie-elfe à toute cette histoire. Ou peut-être qu'au contraire, elle pourrait se révéler très utile... Erewen se sentit comme un général recrutant ses soldats les uns après les autres. Tous plus mystérieux les uns que les autres. Qu'importe, tant qu'il partageaient un même but... Était-ce vraiment là l'essentiel? Erewen avait vraiment besoin de se retrouver, de réfléchir, et d'apporter des réponses à toutes ses interrogations. Sur son visage, le sourire se crispa.

- Avec quelques amis... Enfin... Si vous le souhaitez... Je crois que...

Erewen inspira profondément, pivota légèrement sur sa droite et leva son bras

- L'auberge que l'on aperçoit là-bas, c'est là que je loge. Pour un ou deux jours au plus. Il reste quelques chambres et le prix est correct... Ah c'est vrai... votre bourse...

Erewen plongea sa main dans la bourse qui pendait à sa ceinture. Il la ressortit et ouvrit ses doigts. Trois pièces d'or, qu'il tendit à la demie-elfe.

-Tenez, cela suffira pour une nuit. Au fait, mon nom est Erewen. Si vous... avez besoin d'un guide... j'accepte de vous aider.

*Aider son prochain... même à contre-coeur...*

Sahen sentit le petit homme hésitait, apparemment elle le génait plus qu'autre chose. Embarassé, elle se mordit doucement les lèvres et l'écouta avec espoir. Son léger sourire descendit lorqu'elle comprit qu'il voualit se débarasser d'elle. Biensur elle comprenait mais elle était tellement perdu dans cette grande ville.
Lorsque que l'homme lui indiqua une auberge peu lointaine Sahen repris espoir et le regarda chaleureseument. Elle ne remarqua pas tout de suite qu'il sortait des pièces de sa poche. La demi elfe ne comprit pas de suite. Il lui restait bien assez de richesse pour s'offrir une auberge entière. La bourse qu'on venait de lui voler ne lui servait que si il lui fallait sortir de l'argent de suite.
Elle jeta un coup d'oeil au paquetage accroché à la selle de Geld et haussa un sourcil. Ceux-ci contenait ses affaires personnelles et sa bourse.
Elle prit la main du petit homme entre les siennes et referma délicatement, comme si elle tenait dans ses mains un petit oiseau, les doigts d'Erewen sur les pièces d'or avant de poussé son bras contre son torse voulant ainsi dire qu'elle refusait ses pièces. Elle lui sourit et monta en selle après avoir retiré ses mains.

- Hiswelókë's.

Sahen avait prononcé ceci avec une aisance, le mot sortant rond et chaud de sa bouche. Ce n'est qu'après qu'elle réalisa qu'elle avait parlé en sa langue natal. Confuse, elle rougit et recommença :

- Merci !

Sur ce elle fit une légère révérence, se réajusta sur sa selle, se pencha en avant dans un mouvement inperceptible et Geld se mis au pas dans la direction de l'auberge que lui avait indiqué Erewen.
Les badauds avaient commençé à déserté la place laissant une parterre souillés de feuilles de légumes, de paille et d'autre déchets en tout genre plus ou moins appétissants.
Sahen grimaça à la vue de ce dépotoire et se remémora la fôret avec son sol de mousse et de feuilles moelleuse. Elle sourit et c'est avec ce sourire d'extase qu'elle traversa la place et arriva devant la petit auberge que lui avait indiqué Erewen.

La réaction de l'étrangère prit Erewen au dépourvu. De ses doigts délicats, elle referma ceux du Faery, l'incitant à garder ses quelques pièces. Ce dernier compris aussitôt son erreur et rougit presque d'avoir été aussi maladroit. C'était pourtant évident, ses habits, sa monture... Tout chez elle respirait à la fois richesse et simplicité.
Elle se hissa rapidement sur sa selle. Erewen, silencieux, esquissa un hochement de tête lorsqu'elle le remercia. Qu'importe le langage qu'elle avait pu employer, il avait compris. Il fit un pas en arrière et regarda la jeune demie-elfe s'éloigner. Le claquement des sabots sur les pavés disparut rapidement derrière le brouhaha de la ville. La fine silhouette montait et descendait régulièrement, avec la grâce qu'on connaissait des elfes. Le vent souffla doucement, faisant voleter sa cape. L'instant d'après, la foule s'était refermée derrière la cavalière.